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Mula où ces derniers eurent encore quelque avantage ; et peu de jours après, Joseph d’Espinosa, l’un d’eux, fit assassiner le colonel Casillas, indigène resté fidèle aux Français à Saint-Jean. Après cet acte de froide résolution contre celui qu’ils considéraient comme traître à son pays, leur nombre se grossit encore, et ils vinrent se poster à la Tabara, près d’Azua où Aussénac s’était retiré à la suite du combat de Savana-la-Mula.

Selon Guillermin, ils auraient encore député Manuel Ximenès, beau-frère de C. Ramirès, auprès de Pétion dont il n’obtint rien ; mais il serait revenu « avec quelques munitions qu’il s’était procurées au Port-au-Prince, à force d’argent. » Il ajoute que « le parti des insurgés se grossit d’un corps de mulâtres français et de nègres réfugiés dans cette partie, etc. » Mais cet auteur s’est trompé à l’égard de Pétion ; il est constant qu’il fournit des munitions aux insurgés, quoique ceux-ci aient pu en acheter aussi du commerce du Port-au-Prince. Les mulâtres et les noirs qui se joignirent à eux, étaient des hommes qui avaient fixé leur résidence dans ces quartiers depuis longtemps ; ils comprirent fort bien qu’ils n’étaient pas Français, et qu’ils devaient assister des frères qui soutenaient une cause juste.

L’approche des insurgés d’Azua avait contraint Aussénac à replier jusqu’au-delà de la rivière d’Ocoa ; il se posta sur le plateau de Savana-Buey. En même temps, les insurgés du Cibao arrêtaient A. Franco de Médina à Saint-Yague[1], et Juan Sanches prenait les armes à Seybo. Toute la partie de l’Est était donc soulevée contre les

  1. Dans un échange de prisonniers qui eut lieu en 1809, au moment de la capitulation de Santo-Domingo, il rejoignit les Français dans cette ville.