Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prits et à les retenir dans le devoir envers la France, J. Sanches fit un appel à la révolte et à ses compatriotes qui l’écoutèrent d’autant mieux, qu’il avait conservé toute leur estime et qu’il était connu dans son lieu natal, comme un homme plein de résolution. Ils jurèrent tous ensemble une haine implacable aux Français, à raison des événemens qui avaient eu lieu en Europe ; et ce sentiment se répandit, de Cotuy dans tout le département du Cibao ou du Nord-Est, lorsque déjà les habitans à l’est de Santo-Domingo, du côté de Seybo et de Higuey, le partageaient.

Dans cet intervalle, les Anglais ne s’endormaient pas ; ils conclurent avec Torribio Montes une convention offensive et défensive, dans le but de chasser les Français de l’Est d’Haïti, de toutes les Antilles, et de rester en possession du commerce exclusif de ces îles. Le gouverneur envoya aussi, vers la fin de septembre, un autre agent nommé Salvador Félix qui débarqua à Baya-Hunda, pour soulever les quartiers d’Azua, Neyba, Saint-Jean, etc. Cet agent s’aboucha avec Cyriaco Ramirès, Christoval Huber et d’autres qui exerçaient de l’influence dans cette partie. Mais déjà, ils avaient commencé leur propagande insurrectionnelle ; car la conspiration était dans toute la partie de l’Est, des le mois d’août. Cyriaco Ramirès avait envoyé dès lors son second Huber auprès de Pétion, pour en obtenir de la poudre et des armes ; et il en reçut une petite quantité, vu les besoins de la guerre avec le Nord, quoi qu’en ait cru à ce sujet Guillermin, qui assure que Pétion refusa tout secours, tout en ajoutant : « Néanmoins, il s’engagea à leur fournir des armes et des munitions, en échange des bêtes-à-cornes dont il avait le plus grand besoin. » C’est affirmer le fait en le niant.