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Mais déjà, en juillet même, le gouverneur avait envoyé un nommé Sarmiento pour disposer secrètement les habitans de Seybo au mouvement.

Avant cela même, un autre homme qui en est devenu le chef, don Juan Sanches de Ramirès, se préparait à cette éventualité. Né à Cotuy en 1762, il commandait ce bourg sous Toussaint Louverture, et était resté à son poste jusqu’au moment où le général Ferrand prit le commandement de l’Est ; alors il s’en démit par dégoût, et se réfugia à Porto-Rico[1]. Sans moyen d’existence en cette île, il en revint en 1807 et fonda une coupe de bois d’acajou à Macao, sur la côte orientale, de concert avec don Manuel Carabajal. Se trouvant à dîner avec don Diego de Lira, commandant à Savana-la-Mar, sur la baie de Samana, et ayant appris déjà l’entrée de l’armée française en Espagne, sous les ordres de Murât, il s’en indigna et dit : « Si le sang espagnol est versé en Europe, nous le vengerons ici ! » Dans cette idée, il communiquait ses dispositions à tous ses amis ; et il se rendit à Porto-Rico dès que Sarmiento fût venu à Seybo, afin de s’entendre avec le gouverneur Torribio Montes ; il en revint aussitôt et débarqua à l’embouchure de la rivière du Soco, voisine du bourg de Seybo. Les habitans de ce lieu, agissant avec une dissimulation profonde, ou plutôt une hypocrisie raffinée, dénoncèrent Sarmiento à Ferrand, afin de lui inspirer cette aveugle confiance qui le perdit.

Sarmiento était retourné à Porto-Rico, donner au

  1. Juan Sanches était capitaine d’une compagnie de dragons armés de lances, dans la guerre que firent les Espagnols aux Français de Saint-Domingue ; dans ces circonstances, il avait fait la connaissance de Toussaint Louverture qui servait la même cause que lui : de la son maintien à Cotuy par ce chef, en 1801.