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cembre, un Ordre en conseil par lequel les sujets et les navires de cette puissance étaient autorisés à faire le commerce avec Haïti. Il y avait cinq ans que cette jeune nation avait proclamé son indépendance, et que les navires et les sujets britanniques faisaient avec elle un trafic avantageux ; c’est donc le cas de dire, selon le proverbe : Il vaut mieux tard que jamais.

C’est à cet acte que se borna le gouvernement qui avait aboli la traite des Noirs dix-neuf mois auparavant[1]. Mais, pour être juste envers tous, il faut dire aussi que la Grande-Bretagne n’ayant pas reconnu formellement l’indépendance d’Haïti, quand Dessalines gouvernait, il n’était pas possible qu’elle la reconnût, par un traité régulier avec l’un ou l’autre des deux États qui étaient en guerre civile : on ne pouvait savoir lequel l’emporterait à la fin sur l’autre. C’est une excuse que tout homme de bon sens peut admettre en faveur de ce gouvernement ; mais quand nous arriverons à l’année 1814, nous examinerons mieux sa conduite à l’égard des Haïtiens.


Il est maintenant à propos de parler des événemens qui eurent lieu pendant 1808, dans l’Est d’Haïti.

  1. Ce même acte défendit toutes relations entre les Haïtiens et les colonies anglaises des Indes occidentales ; on craignait leur contact avec les populations tenues sous le joug de l’esclavage. En effet, au mois de mai 1809, les noirs se soulevèrent à la Jamaïque. Mais, comme il y a toujours des accommodemens avec le ciel, lorsqu’en 1813 et 1814, la guerre de la Grande-Bretagne avec les États-Unis eut affamé cette île, on sut fort bien solliciter les Haïtiens d’y apporter des vivres de toutes sortes, et ils ne tentèrent point de troubler la tranquillité publique.