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sidence tous les chefs des corps militaires présens au Port-au-Prince, pour leur ordonner de tenir leurs troupes sous les armes.

Ces précautions étant à la connaissance de tout le monde, le sénat resta complètement ajourné jusqu’au 8 mars 1811. Il n’y eut à ce sujet aucun acte, ni de ce corps, ni du Président d’Haïti.[1]

Indépendamment des sénateurs qui avaient protesté dans la séance du 17, peut-on croire que des hommes tels que Lys, David-Troy, Daumec lui-même, ne sentaient pas qu’ils devaient préférer Pétion, à Gérin dont les prétentions devenaient de plus en plus incommodes ? Croit-on que Bonnet, secrétaire d’État, marchant déjà d’accord avec le président, ne leur conseilla pas ce sacrifice de tout amour-propre pour le salut commun ? Nous n’en doutons point ; et la postérité doit leur savoir gré de n’avoir pas voulu persister dans leur erreur. Ils savaient tous, les qualités de Pétion, les défauts de Gérin. Qu’on se rappelle la scène que ce dernier fit à Bonnet, dans la séance du 7 mars 1807, à propos de la loi sur l’administration qui n’établissait qu’un seul secrétaire d’État, et l’on verra que nos conjectures sont fondées, sur l’intervention que nous supposons de sa part au 17 décembre 1808. Daumec lui-même, qui venait d’intriguer avec Gérin, n’avait-il pas été apostrophé par lui dans cette même séance ? À moins que la passion ne l’aveuglât, il dut reconnaître ses torts.[2]

  1. M. le sénateur S. Lamour s’est trompé, quand il a dit qu’une proclamation de Pétion ajourna le sénat.
  2. Bien convaincus que le président n’avait pu ignorer le concert qui exista entre eux et Gérin, au sujet de la séance du 17 décembre, Daumec et Toulmé profitèrent, quelque temps après, de la présence au Port-au-Prince de leur respectable beau-père Chalumeau, pour aller visiter Pétion avec lui ; ils savaient la vénération du président pour ce vieillard. Quand ils entrèrent dans la cour du palais, M. Chalumeau marchait au milieu de ses gendres, l’un