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ville, pour envoyer des munitions de guerre et de bouche à l’armée.

Voilà donc le sénat, où ne se trouvait aucun de ses membres militaires, prenant des mesures de guerre, dictant ses ordres à l’autorité militaire. On conçoit ce que durent produire sur l’esprit public, la comparution de Caneaux dans cette séance du sénat et l’émission de tels ordres. Mode présidait encore ce jour-là. Mais le 18, la présidence du sénat passa à Daumec. Voyons la motion qu’il fit au corps, avant d’avoir reçu d’autres nouvelles de l’armée.

« Un membre a obtenu la parole pour une motion d’ordre, et a dit que la situation où se trouve actuellement l’armée de la République devant Saint-Marc est dans un tel état, que, si on ne prend de suite des moyens efficaces pour la dégager, elle courrait les plus grands dangers : d’abord, par les chemins qui sont obstrués et qui empêchent la communication par terre ; ensuite, les bâtimens ennemis qui sont dans la baie de Saint-Marc sont aussi un obstacle à son approvisionnement, tant en munitions de guerre que de bouche. En conséquence, il propose au sénat de faire inviter le général Gérin de se rendre dans le plus bref délai possible au Port-au-Prince, pour reprendre son activité de service : lequel (général) sera placé à la tête d’une forte colonne pour établir la libre circulation de terre. »

Cette proposition fut adoptée à la majorité. Daumec, Pélage Varein et Leroux furent chargés de concourir à la rédaction d’un message qui serait adressé à Gérin, par le président du sénat : message où Daumec a dû mettre tout ce qui était propre à enflammer le patriotisme