Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous les ordres du général Bonnet ; il fut encore repoussé vaillamment, et il se plaça sous la protection de sa flotte. Mais le 15, celle de la République arriva dans la baie de Saint-Marc, et combattit avec avantage la flotte ennemie, sans qu’il y eût cependant un grand résultat, les bâtimens du Nord étant entrés dans la rade, où ils avaient la protection des forts de la place.

Pendant ce long séjour de l’armée assiégeante autour de Saint-Marc, pour se procurer des vivres, nos soldats allaient à la maraude, ou par détachemens, ou partiellement : c’étaient des combats continuels entre eux et les cultivateurs des montagnes voisines. Le général Pierre Toussaint avait organisé la résistance de ces derniers, en leur donnant pour chef principal un nommé Sibasse : ils finirent par épier les déserteurs de l’armée qui se rendaient au Port-au-Prince, et beaucoup d’entre eux périrent victimes sur la grande route. Les communications avec cette ville devinrent enfin périlleuses, dans un parcours de 30 lieues : l’imagination effrayée grossit encore le danger réel.

Dans une telle situation, les assiégeans n’ayant point d’artillerie, le président ne voulant pas, avec raison, tenter des assauts contre Saint-Marc qui était bien gardé, il était inutile de continuer à rester autour de cette place, lorsque d’ailleurs la corvette de Goodall pouvait paraître et parut effectivement : elle augmenta la flotte du Nord.[1] La nôtre n’était plus de force à se mesurer avec elle, et ne pouvait plus être d’aucun secours pour l’armée ; elle se retira sur les côtes de l’Arcahaie.

  1. Une lettre du 8 novembre, de l’adjudant-général Delva, venu au Môle, informait le président qu’une corvette (celle de Goodall) était parvenue à Christophe, et que sa flotte incendia, la veille, la Plate-Forme et toutes les propriétés du voisinage.