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Larose et Pélage Varein, pour se rendre à l’armée devant Saint-Marc, afin de se concerter avec le Président d’Haïti sur les mesures à prendre, relativement à l’Anglais Goodall qui, avec sa corvette, prêtait déjà son concours au Tarquin du Nord. En attendant, le sénat voulait acheter d’autres navires que celui dont l’acquisition avait eu lieu par ordre du président : malheureusement, il ne s’en trouvait pas d’autres dans la rade du Port-au-Prince, dit son procès-verbal de ce jour.

Le sénat avait reçu l’offre d’un autre Anglais, commerçant au Port-au-Prince, pour porter ses dépêches à l’amiral de la station de la Jamaïque, en réclamation contre la conduite de Goodall, et il pensait devoir envoyer aussi un agent accrédité. Mais, en accueillant sa députation au quartier-général, en lui répondant le 11, « qu’il partageait ses sentimens, » Pétion lui dit qu’il n’agréait pas l’idée d’envoyer un agent du gouvernement ; mais qu’il était d’avis, en cas que le commerçant anglais eût changé de disposition, de confier ses dépêches au citoyen Dugué : ce qui eut lieu. Nous croyons que Goodall fut blâmé par l’amiral de sa nation ; mais il avait eu le temps d’opérer utilement en faveur de Christophe. Au reste, comme on vient de le voir, des sujets anglais servaient respectivevement les deux partis en guerre, selon leurs intérêts individuels.

Goodall, en effet, arrivé au Cap, avait convoyé la flotte du Nord au Port-de-Paix, pendant que la nôtre était au Môle, débarquant les renforts et les objets expédiés à Lamarre : il retourna ensuite au Cap.

Dans ces circonstances difficiles pour l’armée expéditionnaire, le patriotisme du général Gérin se réveilla dans sa retraite à l’Anse-à-Veau. Voulant seconder le