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Prince, jouissant également de l’estime des troupes de l’Ouest.

Toutefois, la lutte du sénat contre le président ne s’arrêta pas là ; elle eut des suites déplorables jusqu’au mois de mars 1812 ; mais ce fut pour fournir successivement à Pétion, l’occasion de donner de nouvelles preuves de sa sagesse, de son dévouement inaltérable au bonheur de ses concitoyens, même de ses adversaires.


La plainte ou réclamation du sénat à l’égard de Michel, avait soulevé de telles clameurs dans le public, que l’adjudant-général Marion, commandant provisoire de l’arrondissement de Léogane depuis la mort de Yayou, se vit obligé d’adresser au sénat, le 10 août, une lettre pour se justifier d’avoir donné asile à son ami, à son ancien compagnon de la Légion de l’Ouest. Il allégua qu’il y avait été d’ailleurs autorisé par les sénateurs Bonnet et David-Troy, et fît publier sa lettre sur la Sentinelle d’Haïti, journal de cette époque. Mais le 5 septembre suivant, étant au Boucassin, David-Troy fit publier aussi sur le même journal, une autre lettre, où il donnait le démenti le plus formel à Marion, quant à ce qui le concernait ; il y exprima une aigreur contre le proscrit, que nous regrettons de signaler de sa part ; car David-Troy avait trop de mérite pour s’acharner ainsi envers un père de famille, déjà assez malheureux de s’être trouvé compromis dans une conspiration.

Pétion, qui n’oubliait pas la bravoure de Michel au siège de Jacmel, en 1800 ; qui avait donné son assentiment à Marion pour le soustraire à toutes recherches ; et qui savait trouver un moyen de tout concilier : Pétion lui fit dire de se rendre au Môle pour s’y l’acheter en