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et au pays qui l’avait adopté. Pétion lui fit de magnifiques funérailles auxquelles il assista, ainsi que le sénat et toutes les autorités civiles et militaires ; toutes les troupes du Port-au-Prince prirent les armes pour y concourir, et le canon de deuil retentit jusqu’à ce que le corps fût inhumé dans le cimetière intérieur de la ville.

Le 26 juillet, le sénat chargea le citoyen J.-C. Imbert, contrôleur des finances du département de l’Ouest, de l’intérim du porte-fenille de la secrétairerie d’Etat, à cause, dit son arrêté, « de sa probité connue dans divers actes. » Le général Bonnet, qui eût été de son choix, était trop nécessaire en ce moment au sénat et par rapport à la guerre contre Christophe, pour être élu à cette époque : cela résulte de la proposition que fit un sénateur, dans la même séance, « vu le péril où était la République, d’ordonner la levée générale des gardes nationales, afin de marcher contre l’Arlibonite et de faire jonction avec l’armée du général Lamarre. » La majorité décida cependant qu’il fallait se concerter préalablement avec le Président d’Haïti.

Tandis que le sénat s’occupait du même objet qu’il se proposait, ainsi qu’on l’a vu dans sa lettre à Lamarre, datée de Jérémie, Pétion répondait à une missive qu’il venait de recevoir de Théodat Trichet. Celui-ci lui rendait compte de sa mission en Angleterre, et lui, informait notre envoyé de la situation de la République, avec le calme de l’homme d’État, et l’espoir qu’il avait dans la politique qu’il suivait pour mieux la gouverner.[1]

Voyons si le sénat possédait le même calme.

  1. Nous n’avons pu avoir connaissance de la lettre de Théodat Trichet : celle de Pétion est datée du Port-au-Prince, le 27 juillet.