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également part à ces combats où la valeur suppléait à la disproportion du nombre ; et leur chef, qui se taisait toujours sur ses propres faits pour mieux louer leur courage, leur traçait l’exemple.

De nouveaux combats ayant eu lieu dans le cours du mois de mai, le sénat inscrivit, pour ainsi parler, la page suivante dans l’histoire de la République, à la date du 2 juin :

Le Sénat,

Voulant payer un juste tribut déloges à la brave armée expéditionnaire qui a constamment battu les troupes de Henry Christophe, pendant dix-sept jours de combats, contre des forces supérieures, et les a forcées à une retraite précipitée ;

Déclare qu’il y a urgence, et décrète ce qui suit :

L’armée expéditionnaire, sous les ordres du sénateur Lamarre, général de brigade, a bien mérité de la patrie.

Le Président d’Haïti est invité de faire parvenir au sénat, un état nominatif des officiers et soldats qui ont, dans ces différentes actions, lait des traits de valeur, pour que leurs noms soient inscrits, avec le sujet de leurs actions, sur un registre particulier.

Le même jour, à raison des nécessités de la guerre, il affranchit de tous droits à l’importation, les armes à feu, les armes blanches et autres objets de guerre.

En partant du Port-au-Prince avec sa garde, Pétion avait dirigé ses pas sur Jérémie où se trouvait le général Gérin. Pour la première fois depuis 1800, il avait revu le Pont-de-Miragoane où sa valeur contint, pendant quelques instans, l’irruption de l’armée de Toussaint Louverture ; où sa sagesse et sa prudence devaient contenir, deux aimées après, la bouillante inconséquence, l’emportement irréfléchi de Rigaud, revenu dans le pays. En attendant cette époque déplorable, il allait dans l’espoir de