Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

solde des troupes de toutes armes, et pour assurer le sort des invalides ; « considérant, dit le sénat, qu’il est de la dignité de la nation d’environner le chef du pouvoir exécutif de l’éclat convenable à son rang et au caractère dont il est revêtu, » il créa pour sa garde un corps de 500 hommes, y compris les officiers, tant en infanterie, cavalerie, qu’une compagnie d’artillerie à cheval et des musiciens, tous au choix du Président d’Haïti et à prendre dans tous les corps de l’armée. Bonnet et Lys furent les rédacteurs de cette loi.

Le président forma cette garde immédiatement, au mois d’avril ; il en donna le commandement au colonel J.-P. Boyer, chef de son état-major et toujours attaché à sa personne.

Les motifs allégués par le sénat, pour la formation de cette garde, n’étaient pas les seuls. Jusque-là, le président se faisait garder au palais, le plus souvent par les grenadiers de la 11e demi-brigade ; cela pouvait exciter la jalousie des autres corps : en tirant de tous, les militaires destinés à sa garde, il leur donnait satisfaction. Ce fut l’élite de l’armée qui composa ce beau corps : le chef de bataillon Poisson Paris commanda l’infanterie, le chef d’escadron Per, la cavalerie, et le capitaine Carrié, l’artillerie légère[1].

Le 1er mai, la fête de l’Agriculture fut célébrée avec pompes au Port-au-Prince : le Président d’Haïti se rendit au sénat et l’accompagna de nouveau, au retour du champ de Mars où la cérémonie avait eu lieu. C’était rendre i hommage au pouvoir auquel la constitution déléguait l’exercice de la souveraineté nationale. Le sénat

  1. Cette garde fut successivement augmentée, à raison des circonstances, et l’on y compta des officiers de la plus grande valeur.