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journellement sa précieuse existence : c’était honorer l’armée aussi que d’y appeler un officier général de ce mérite.

Le 7 mars, le sénat voulait que le président révoquât le colonel Thomas Jean, commandant la place du Port-au-Prince, en motivant son désir sur l’incapacité qu’il trouvait en cet officier ; mais Pétion, qui était convaincu de ses bons sentimens, n’admit pas cette prétendue incapacité[1]. Peu de semaines après, les officiers des troupes du Sud en garnison au Boucassin, pétitionnèrent au sénat en exposant leurs besoins. Ce corps arrêta « qu’il ferait encore un dernier effort, pour engager le chef du pouvoir exécutif à améliorer les finances,  » comme si cela ne dépendait que de lui. Enfin, Lamarre ayant eu quelques démêlés avec Panayoty, à propos d’ordres qu’il lui avait donnés, et le commandant des forces navales ayant refusé de les exécuter parce qu’il prétendait être indépendant, Lamarre s’en plaignit au sénat qui députa Bonnet et trois autres membres auprès du président à cet effet.

Nous produisons ces faits, afin de donner une idée du tiraillement qui existait entre les deux pouvoirs, sur des choses dépure exécution, le sénat voulant conserver ses attributions exécutives créées par la constitution[2]

Cependant, sur la demande que lui fît Pétion, après avoir rendu des lois sur la police des ports et rades de la République, sur le classement des places militaires, sur l’organisation de l’état-major général de l’armée, sur la

  1. Il ne le fit qu’après les Remontrances du sénat, en remplaçant Thomas Jean par Caneaux.
  2. C’est dans ces momens que Félix Ferrier donna sa démission de sénateur, le 21 avril, et alla l’embarquer furtivement à Jacmel.