Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

néraux venaient d’arriver au Port-de-Paix, qu’il armait deux nouveaux navires de guerre ; et en disant qu’il allait se mettre en marche pour se porter au-devant de l’ennemi, près de Jean-Rabel, il l’engageait encore à faire marcher de son côté tous les hommes en état de porter les armes, afin de combattre Christophe et d’éviter le repentir qu’avait eu Rigaud, de n’avoir pas agi avec assez de vigueur contre son adversaire. Lamarre, comme tous ceux qui faisaient le même reproche à Pétion, confondaient toujours les deux situations et oubliaient que Rigaud n’eut à déjouer aucune opposition, à comprimer aucune conspiration dans le Sud, dès que l’épée eut été tirée du fourreau. Ils n’attachaient aucune importance aux faits qui avaient eu lieu de 1800 à 1807, aux divers régimes que le pays avait subis pendant cette période et qui avaient modifié, transformé les idées et les choses.

Huit jours après, Lamarre annonçait encore que Derénoncourt, ayant alors une partie de la flotille sous ses ordres, avait envoyé le garde-côtes la Présidente à la Tortue, en possession des républicains, puis la Pénélope pour la relever de cette station ; mais que deux brigs et une goëlette sous pavillon anglais, sortant du Cap, étaient venus leur donner chasse. Par sa marche supérieure, la Présidente put leur échapper après avoir essuyé leur feu ; mais la Pénélope fut capturée par ces navires de guerre de la Grande-Bretagne et amenée à la Jamaïque[1]. Ce fut le premier acte de cette partialité intéressée

  1. La Pénélope était une goëlette qui appartenait a Lamarre et à Delva ; ils l’avaient armée pour concourir à la défense commune. En vain Pétion la lit réclamer du chef de la station navale de la Jamaïque : les Anglais la gardèrent, d’après le principe qu’ils avaient adopté à cette époque, de ne restituer jamais ce dont ils s’emparaient injustement, sans doute pour ne pas s’avouer coupables. Dans le même temps, ils empêchaient les bâtimens de Cuba d’entrer au Môle pour y porter des provisions à notre armée, étant en guerre avec l’Espagne et la France, et pour favoriser Christophe.