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qui convient dans les délibérations,[1] j’avais prié, au mois de mars de l’année expirée, le sénat de nommer un membre à ma place. Des membres, dont je m’honore de leurs considérations, me firent sentir le mauvais effet que produirait ma retraite du sénat, et surtout au moment où le Président de la République venait d’être élu. Je me rendis aux séances de sa réception, mais conservant tacitement le sentiment de ma démission. Voilà dix mois d’écoulés depuis ce moment ; les délibérations n’en ont pas moins été leur train ; ainsi à quoi bon serai-je, aujourd’hui que ma pauvre tête, obsédée de tout ce que je vois et de tout ce que je ne vois point, me fait sentir plus que jamais la nécessité de fuir toutes les charges publiques ? Ainsi, mes chers concitoyens, je crois pouvoir sans crainte vous prier de nommer un sujet, digne de la place et de vous, à la mienne.

J’ai l’honneur de vous saluer avec respect. Signé : Et. Gérin.


Dans la séance du 12 janvier, le sénat entendit la lecture de cette lettre et accepta la démission de Gérin, sans procéder à son remplacement. Par les termes dont il se servit, il faisait pressentir sa démission de commandant du département du Sud : en attendant, il resta encore au Boucassin.

Le 11, le sénat avait rendu diverses lois, — sur le logement de ses membres et celui des officiers de l’armée, — sur les patentes de l’année courante, — sur l’affermage des maisons de l’État : les baux à ferme furent résiliés pour défaut de payement par les fermiers et durent être renouvelés.[2] Le 14, une loi fixa l’habillement et l’équipement des troupes. Le 16, un message fut adressé

    courut dans tous les cercles du Port-au-Prince, et on va la voir relevée dans les Remontrances du sénat a Pétion. — Par réflexion, sans doute, le 12 février, le sénat adressa un message à Pétion, où il se plaignait de l’inexécution des lois : il aurait dû agir ainsi avant d’avoir émis son adresse.

  1. Allusion faite aux discours de Daumec au sénat, peut-être aussi à l’adresse au peuple qu’il paraît avoir rédigée, comme secrétaire.
  2. Le vice du système de fermage se montrait chaque jour, mais c’était Pétion qu’on accusait de l’inexactitude des fermiers ; on eût voulu qu’il sévît contre eux. Christophe fut, à cet égard, plus habile que le sénat : en abandonnant à ses généraux les produits des habitations