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un drapeau, dix-huit tambours, sept cents fusils, huit bâches de sapeur et une canne de tambour-major : les républicains avaient fait alors 200 prisonniers. Mais leur général, en annonçant ces succès, demandait encore de l’argent, des cartouches, des habillemens et des hommes. C’était rappeler Annibal : « J’ai battu les Romains, disait-il à Carthage : envoyez-moi des soldats et de l’argent. » Cette lettre fut confiée au colonel Gardel que Thimoté accompagna au Port-au-Prince : elle recommandait au président le chef de bataillon C. Thomas comme « un officier digne de la bienveillance du gouvernement, ainsi que le chef d’escadron Toussaint. Boufflet qui s’est immortalisé dans ces combats. » Deux jours après, une lettre spéciale fut adressée au président pour lui exposer « la situation malheureuse du colonel Bauvoir, cet officier qui s’est si généreusement dévoué à la cause sacrée de la liberté, et qui n’a pas un moment de repos depuis mon arrivée ici. Je vous informe, président, qu’il est marié, père de famille et réduit dans la dernière des misères. Je sollicite donc de vous quelques moyens particuliers pour cet homme estimable. »

Nous nous plaisons à citer toutes ces recommandations, tous ces éloges de Lamarre en faveur des officiers qui servaient sous ses ordres. Ce héros de notre pays dévoilait ainsi sa belle âme, en attirant la justice du gouvernement sur ceux qui partageaient ses périls ; il savait que sa voix serait entendue du chef qui se plut toujours à récompenser le mérite : aucune de ces recommandations ne resta sans effet. En même temps, c’est, de notre part, réveiller les sympathies nationales pour des citoyens dont le nom doit être vénéré de la postérité, car ils remplirent glorieusement leurs devoirs envers la patrie.