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crimes ; mais il fit bien peut-être, car cet officier rachetait ces excès par les services qu’il rendit à la République.

Telle était la position du président à l’égard d’une foule d’hommes opposés à son gouvernement ; il employait la patience et la modération pour les ramener, de préférence aux rigueurs tyranniques que déployait Christophe dans le Nord. Dans la Grande-Anse, par exemple, il ordonnait que les prisonniers faits sur les insurgés, fussent traités avec douceur, tandis que son adversaire ne faisait quartier à aucun prisonnier et dépeuplait les localités insurgées contre son autorité, venant ainsi en aide aux mortalités occasionnées par la guerre. « Il a fait fusiller un adjudant-général qui avait tardé à le suivre, dit Lamarre dans une lettre du 27 septembre ; il fait fusiller tous ceux qui lui paraissent suspects.  »

Dans une autre du 29, il récidivait la demande de 1000 hommes de troupes, d’une pièce de campagne en bronze, de munitions, d’habits, de chemises et de pantalons pour ses troupes « qui ont subi la plus grande misère dans les bois.[1] » Le 2 octobre, il lui disait encore que le colonel Bauvoir lui avait révélé des choses à l’égard de Nicolas Louis, qui prouvaient qu’il avait bien fait de l’envoyer au Port-au-Prince où il faudrait le garder ; que depuis cette mesure, les choses avaient changé de face et que beaucoup de soldats de la 9e étaient revenus à leurs drapeaux. Un mois après, le 2 novembre, une nouvelle lettre de Lamarre au président lui rendait compte d’autres combats dans les montagnes du Port-de-Paix et de Saint-Louis, où l’ennemi eut 1000 hommes tués ou blessés, et perdit

  1. Dans sa lettre du 29 septembre, Lamarre informait le président qu’il avait confié l’administration à Hérard Dumesle, « officier commissionné par vous ; il prend fort à cœur de remplir son devoir avec exactitude. »