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François, Férou, Bazile, Thomas Durocher, Gérin, Pétion, Bonnet. A. Aquin, Borgella, commandant de la place, et Frémont, administrateur, contribuèrent avec J.-L. François à cette œuvre d’humanité ; à Jérémie, Giraud, directeur de la douane, assista Férou. Au Cap, H. Christophe lui-même avait recueilli chez lui une vingtaine de proscrits pour les sauver ; mais il fut contraint de les livrer, Dessalines étant dans cette ville. Des particuliers, des femmes, dans les villes ou bourgs, des cultivateurs, hommes et femmes, dans les campagnes, exercèrent aussi des actes d’humanité.

De tels faits prouvent qu’il n’y eut pas unanimité dans les vengeances exécutées, que l’autorité et la fureur de Dessalines prédominèrent sur tous. Comme avait fait Rochambeau, de honteuse mémoire, il donnait des bals dans ses palais à la suite des exécutions à mort ; mais il n’y invita pas, comme lui, des femmes pour voir des salles tendues de deuil avec des cercueils ; il ne conçut pas l’idée de faire étouffer des hommes par le soufre, d’en faire dévorer d’autres par des chiens, etc. Dessalines épargna, personnellement, des Français qu’il plaça dans les fonctions publiques ; il en sauva d’autres uniquement parce qu’ils montrèrent du courage, tant son caractère offrait des contrastes[1].

Le 16 mars, il était de retour au Port-au-Prince, de son voyage dans le Sud. Afin de donner une entière garantie de sécurité aux Français qu’il avait exceptés de la vengeance, il leur délivra des lettres de naturalité, ainsi conçues :

  1. Au Port-au-Prince, l’abbé Dufour allait être sacrifié, quoique excepté, parce que les assassins voulaient qu’il leur donnât de l’argent : il s’y refusait avec un rare courage. Dessalines survint et dispersa ces assassins à coups de canne, en leur demandant si les enfans ne devaient pas être baptisés.