Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps d’animer, sinon les populations, du moins les chefs principaux et secondaires de chaque localité, dont le concours était indispensable. Le chef qui avait dit à Bonnet, « qu’il n’y avait plus de parole d’honneur depuis la révolution, » qui avait écrit à Gérin la lettre du 20 novembre 1803, qui avait fait massacrer environ 800 blessés ou malades, qu’il s’était engagé à faire soigner dans les hôpitaux pour les envoyer ensuite en France par bâtimens neutres ; ce chef n’était pas homme à renoncer à ses idées de vengeance, lorsqu’il trouvait d’ailleurs tant d’excitation de la part de quelques-uns des officiers de son état-major et de quelques généraux de son ancien parti politique. Dans une telle situation, comment ceux du parti qui lui fut opposé eussent-ils pu faire entendre des paroles de modération, lorsque H. Christophe lui-même n’osait pas exprimer son opinion sur cette question ?

Il est même présumable que les défiances regrettables de Dessalines, contre les hommes de l’ancien parti de Rigaud, prirent dès lors naissance, parce que quelques-uns manifestèrent une noble répugnance à son projet. Malheureusement, lorsqu’un chef veut se livrer à des actes de violence, il est toujours enclin à considérer comme des improbateurs dangereux, ceux qui n’applaudissent pas à ses idées : le dissentiment dans les opinions sur de telles questions est souvent la cause de mésintelligences déplorables.


Le premier acte d’administration d’une dictature toute militaire, fut un arrêté du gouverneur général, rendu le 2 janvier, pour régler le costume des généraux, des adjudans-généraux et de leurs aides de camp. Par un autre du même jour, tous les baux à ferme des habita-