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guerre ; car, quelle garantie aurait-on pu avoir sous le gouvernement d’un chef semblable ?

La nouvelle des barbaries commises dans la commune de l’Arcahaie, parvenue au Port-au-Prince, dut y occasionner une sensation pénible, de même qu’on y gémit toujours de tout ce qu’on apprit par la suite, de la férocité de Christophe.

« Les partisans de Gérin en jetèrent toute la faute sur le général Pétion ; ils dirent que celui-ci, à la tête de 10,000 hommes réunis au Port-au-Prince, distant de douze lieues de l’Arcahaie, avait laissé égorger des malheureux dont le crime avait été d’être dévoués à la République. Cette attitude d’observation, prise par Pétion, eût pu être taxée de complète inhabileté, si la crainte des projets ambitieux de Gérin ne l’avait pas contraint à ne pas s’éloigner de la capitale[1]. »

Nous pensons que cette excuse ainsi présentée, pourrait ajouter à ces accusations injustes. Nous avons prouvé par un précédent document, qu’indépendamment des bonnes raisons politiques qu’il avait pour ne pas entreprendre sérieusement une campagne, Pétion était malade ; que de plus, tous ces zéros ajoutés hardiment aux chiffres de l’armée, tombent devant la demande pressante qu’il adressa au Sénat, pour qu’il ordonnât un recrutement dont la force fut augmentée par ce corps. En outre, pouvait-il plus empêcher les actes barbares de Christophe ou de ses agents, que ne l’avait pu Rigaud, quand Toussaint Louverture et les siens en commettaient de semblables ? Gérin et ses partisans formaient l’opposition de cette époque, et l’on sait par expérience, que la manie de toute oppo-

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p, 400.