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menacés selon lui, par cette guerre. Ferrand devait voir avec plaisir, néanmoins, cette nouvelle guerre civile entre les Haïtiens, ne pouvant présumer que de cette lutte sortirait la réunion des populations de l’Est d’Haïti, à la République que fondait Pétion en ce moment ; car son cœur en jeta les bases aussi bien que pour la réunion du Nord et de l’Artibonite[1].

Quelques jours après, le 3 mars, il envoya encore au Sénat un paquet adressé « au chef de l’île d’Haïti, » qui venait de lui être remis, le même jour, par le subrécargue d’un navire entré au Port-au-Prince. Nous en ignorons aussi le contenu et de quelle source venait celui-ci. Dans tous les cas, le sénateur haïtien remplissait son devoir envers l’autorité chargée des relations extérieures par la constitution.


Après la première marche de Pétion à l’Arcahaie, Christophe étant encore à Marchand et bien résolu à défendre le territoire qui lui était soumis, songea à fixer la fidélité des officiers supérieurs qui devaient y contribuer. Dans ces vues, il fit de nombreuses promotions, parmi lesquelles on remarque celles des colonels Pierre Toussaint et La-

  1. Aussitôt la mort de Dessalines, Pétion permit à teus les indigènes de la partie de l’Est qui se trouvaient dans son département, de retourner dans leurs foyers, après les avoir comblés de présents. 18 mois après, le soulèvement de toute cette population eut lieu contre les Français, par des causes qui seront déduites : et les habitans des communes limitrophes de la partie occidentale manifestèrent dès lors le désir de se réunir sous l’autorité de la République d’Haïti. Pétion annonça immédiatement aussi aux Polonais qui étaient dans l’Ouest et le Sud, qu’ils avaient la faculté de retourner en Europe : on verra un acte du Sénat qui constate cette disposition. Les uns quittèrent Haïti, d’autres y restèrent. Plusieurs Français même partirent pour les États-Unis : nous pouvons citer l’imprimeur Fourcand qui était établi au Port-au-Prince. La bienfaisance et la modération sont les seuls moyens de gagner l’affection des hommes.