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cette garantie. On le vit ensuite porter la guerre dans le sein du Nord ; mais ce fut quand des portions de la population eurent fait d’elles-mêmes acte de résistance à l’oppression qu’elles enduraient, et pour essayer de les secourir et de les aider.

Cela ne dérogeait pas à ses vues, à son système général. Il disait qu’il était inutile de verser du sang, parce que Christophe se perdrait tôt ou tard par sa férocité : nous répétons ici ce qui a été dit et ce qui est vrai. Inutile de tirer avantage des événemensde 1820 qui justifièrent les prévisions de ce génie politique : parlons comme il parlait en 1807.

Gérin répliquait que Christophe, avant de succomber, se baignerait dans le sang des populations.

C’est par là qu’il prouverait sa férocité ; mais s’il avait été possible de l’abattre, on eût dû le faire, nous le répétons. C’était là la question, et nous ne voyons pas dans l’état des choses, qu’elle fût très-facile à résoudre.

En attendant, Pétion pensait, dans sa seconde campagne à l’Arcahaie, qu’au lieu de la poursuivre pour s’engager dans une lutte qui pouvait être plus ou moins longue sur le territoire ennemi, il valait mieux retourner au Port-au-Prince, afin de compléter l’organisation de la République par celle de son gouvernement. Cette pensée si importante coïncidant avec sa maladie et la nouvelle du progrès de la révolte dans la Grande-Anse, rien ne devait l’arrêter.

Ses vues politiques, enfin, consistaient : — à faire procéder à la nomination d’un Président de la République en remplacement de Christophe, pour obtenir l’unité d’action dans ses affaires ; — à ce que le Sénat rendît les principales lois nécessaires à l’administration du pays,