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aller guerroyer aussi contre les Français dans l’Est, pour leur enlever Las Matas, Saint-Jean, Neyba, etc., compris dans les limites de l’Ouest.

Mais, arrêtons-nous seulement à Saint-Marc. N’avait-il pas vu tout récemment environ 3000 hommes défendre le Port-au-Prince, d’un développement plus considérable que cette ville, contre une armée 4 fois plus forte qui venait de les battre à Sibert ? Il lui était donc permis de croire, en opposition à ses généraux et ses soldats, que Pierre Toussaint, ayant aussi 3000 hommes sous ses ordres, eût pu résister à ses 8500, et d’autant mieux, qu’il était un officier d’une audace prodigieuse. Pétion était-il d’ailleurs dans l’obligation de consulter ses généraux, pour savoir ce qu’il était plus raisonnable de faire dans la circonstance ? Un général n’obtient pas le commandement en chef d’une armée, s’il est reconnu tellement incapable de la diriger, qu’il lui faille recourir aux conseils de ses subordonnés.

Mais les motifs de Pétion, en agissant ainsi, en ne voulant pas s’éloigner du Port-au-Prince, étaient de voir nommer un nouveau Président d’Haïti, puisqu’on venait de déclarer la déchéance de Christophe. Il est sous-entendu qu’il aspirait à cette charge, et que ses motifs furent tout personnels.

Eh bien ! admettons cela. Si l’on n’envisage que son ancienneté militaire, on reconnaîtra qu’il avait plus de droits que Gérin, à y être appelé. Il devint général de brigade en novembre 1802, général de division en janvier 1803, en même temps que Christophe. — Gérin ne fut promu général de brigade qu’en juillet 1805, général de division en juillet 1805. Mais, si l’on examine ses qualités et ses antécédens, en les comparant à ceux de son com-