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salines, ne parlait que de modération et invitait, par ses envoyés, les chefs de l’Ouest et du Sud à opérer un changement dans le gouvernement, se persuada qu’il pouvait se mettre à sa place… Le général Christophe voulait en outre (de la nomination aux emplois, etc.) la manutention des deniers publics ; un pouvoir à vie et le droit de nommer son successeur… Peuple d’Haïti, le général Christophe atteste le ciel qu’il n’en veut point aux couleurs ; s’il n’en conservait point le préjugé dans son cœur, oserait-il en parler ? Des couleurs ! depuis longtemps il n’en existe point dans l’Ouest ni dans le Sud ; on n’y connaît que des frères et de vrais Haïtiens… Le Sénat ne veut point pourtant voir encore de coupables dans la troupe du Nord qu’on a égarée ; une amnistie lui est offerte ; nous ne voulons pas verser le sang de nos frères. Le général Christophe même n’a qu’à se soumettre à la constitution, et il éprouvera l’indulgence d’une nation généreuse ; mais s’il persiste dans sa rébellion, peuple, ralliez-vous à la constitution. »

C’était encore une formalité politique ; car Christophe, traité de rebelle et de révolté, chargé de toutes les accusations qu’il avait encourues, ne se serait pas soumis à ses ennemis. On voit affirmer encore que ce fut à sa suggestion, que Geffrard et Pétion conçurent le projet d’abattre Dessalines, et ce qu’a prétendu Pétion, sur la communication qu’il lui fit faire relativement à l’autorité qu’il désirait avoir par la constitution.

En parlant de couleurs, Christophe voulait surtout détourner l’attention publique de la vraie cause de la guerre civile ; car son despotisme réclamait cette sottise de l’ignorance pour régner. Ce sont ces absurdités, imitées