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tophe le temps de fortifier Saint-Marc où il eût pu entrer en même temps que lui, en le talonnant. Mais, ignorant les véritables projets des révolutionnaires du Sud, et de Gérin particulièrement, dont il redoutait l’ambition, il hésitait à s’éloigner du Port-au-Prince, et surtout à se dégarnir d’une partie des troupes qui avaient sa confiance, en occupant Saint-Marc… mais il mettra dans ses opérations toutes sortes de lenteurs… Pétion, après avoir confié au général Gérin l’armée campée à Labarre, se rendit à Drouet… et revint au quartier-général… On apprit en même temps, avec certitude, que la ville de Saint-Marc était dégarnie de troupes. Gérin conseilla en vain à Pétion d’aller s’en emparer et de porter ensuite son quartier-général à Marchand. Pétion, voulant lui enlever l’occasion d’acquérir de l’influence sur les troupes de l’Ouest, n’accueillit pas ses conseils. — Christophe était encore à Marchand. Comme il croyait que Pétion l’eût poursuivi à outrance, il n’était demeuré que peu de jours à Saint-Marc… Mais quand il apprit que l’armée de la République paraissait hésiter à pénétrer dans le Nord, il envoya des troupes à Saint-Marc, et ordonna aux généraux Romain, Daut Brave et Magny, démarcher contre Pétion, à la tête des 1re, 2me, 6e, 9e et 14e demi-brigades…[1] »

Tous les reproches faits à Pétion dans ce passage étaient répétés à satiété à l’époque ; ils lui étaient adressés par

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 388 et 389. Il envoya ces troupes, en apprenant que Pétion et Gérin étaient au Boucassin. En supposant Saint-Marc sans troupes, de Marchand il en aurait pu y arriver pour le défendre, plus promptement que celles venant du Port-au-Prince ; et ces corps et ces généraux sont arrivés jusqu’à l’Arcahaie !