Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/515

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Avertis qu’il avait échappé au danger, et qu’il était rentré au Port-au-Prince, les sénateurs y revinrent ; mais le Sénat ne tint aucune séance pendant ces jours de combats.

Les deux demi-brigades de Jacmel n’avaient pas tardé à y arriver ; et le général Gérin s’y rendit bientôt, en toute hâte, avec les 15e et 16e ; les 13e et 17e vinrent ensuite. Sa présence avec ces troupes permit de garnir le pourtour de la place : celles du Sud occupèrent la ligne de l’est[1]. La 12e tout entière monta au fort National : celui de Saint-Joseph fut confié principalement à la 3e ; les autres corps furent placés sur la ligne du Bel-Air.

Pendant plusieurs jours après le 1er janvier, Christophe fît renouveler des assauts contre la ville ; ils furent toujours repoussés. Il n’y avait pas le même élan dans ses troupes que dans celles de la République : ces dernières avaient l’avantage d’être placées derrière des remparts, car les autres firent preuve de bravoure.

Le 7, Christophe ordonna un assaut général sur toutes les lignes de la place. Le combat commença de bonne heure, et dura jusqu’à 9 heures du matin. Mais sur tous les points, l’ennemi fut battu complètement. Au fort National, attaqué vivement par des forces que dirigeait le général J.-P. Daut, les soldats de la République ne se contentèrent pas de repousser l’ennemi avec vigueur ; ils criaient à chaque instant, à la manière créole : « Charivari pour eux ! Ce sont des lâches ! » Et ces malheureux soldats ennemis, dignes d’un meilleur sort, irrités par ces cris, revenaient incessamment à la charge sans obtenir aucun succès.

  1. En visitant ses postes dans une nuit, le colonel Ternier, de la 22e, fut tué par une sentinelle de son corps qui ne le reconnut pas. Ce coungeux officier fut alors remplacé par David-Troy.