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la ville. Jusque-là le fort n’était pas gardé, tant il y avait peu de troupes à opposer à l’ennemi sur la ligne où il donnait ses assauts. Mais Yayou qui veillait à tout, détacha promptement le brave Frédéric avec son seul bataillon de la 12e pour occuper ce point et le défendre. Cet officier gravit au pas de course la montée qui y conduit ; et avant même de pénétrer dans le fort, il fit un feu plongeant sur la colonne ennemie, qui en arrêta la marche un instant ; mais il dut ensuite déployer la plus grande valeur, avec son bataillon, pour repousser l’assaut donné au fort.

Les troupes de Christophe furent ainsi refoulées sur tous les points. Le désastre de Sibert était réparé peu d’heures après, en’grande partie par le courage des officiers, la bravoure des soldats qui l’avaient subi : preuve évidente que ce ne fuient pas ces qualités militaires qui leur firent défaut, mais la faute commise par le commandant Louis Lerebours, et la surprise qu’éprouva le colonel Sanglaou et la 21e, de l’attaque inopinée de Larose ; car la 21e, ralliée sur la ligne du Bel-Air, contribua efficacement à sa défense.


L’ennemi était déjà battu, quand un citoyen de l’habitation Truitier arriva à toute bride au Port-au-Prince, et remit au général Yayou un billet de Bédouet, écrit au crayon ; il lui annonçait l’heureuse arrivée de Pétion qui allait se rendre en ville, en lui disant de sa part de tenir ferme dans sa glorieuse défense. Cette nouvelle inattendue, annoncée par le courrier sur toute la route du Carrefour au Port-au-Prince, encombrée de femmes et d’enfans, au général Magloire qui était au poste Léogane, et par toute la ville, raffermit les cœurs en les réjouissant ;