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que le général Pétion avait été, ou tue ou fait prisonnier dans la bataille ; car on était incertain de son sort, plusieurs heures s’étant écoulées sans qu’il eût paru.

Cette nouvelle désastreuse occasionna une vraie panique parmi eux, et même parmi les sénateurs de la classe civile qui n’avaient pas en ce moment le concours de leurs collègues militaires, pour les encourager, les engager à se conduire en véritables pères conscrits : il y en avait une dizaine. Considérant la République frappée au cœur, par la mort supposée de Pétion, ils arrêtèrent entre eux, qui formaient la majorité du Sénat, de transporter son siège à Léogane, en vertu de l’article 69 de la constitution. Ils écrivirent en conséquence au général Magloire Ambroise, de faire ses dispositions militaires à cet effet, et eux-mêmes se mirent en route.[1] Plusieurs des protestans contre la constitution profitèrent de ce moment pour s’évader par mer.

Magloire transmit cette décision au colonel Lys, en lui enjoignant d’y obéir et d’aller porter le même ordre au général Yayou et aux autres officiers supérieurs. Ensuite, il se rendit de sa personne au poste Léogane, barrière d’entrée au sud du Port-au-Prince, pour y attendre les troupes et les citoyens, et défiler avec eux.

Lys arriva auprès de Yayou, qu’il trouva sur la ligne du Bel-Air, au moment où les troupes du Nord donnaient l’assaut, là et au fort Saint-Joseph. Yayou montrait tant de valeur, en encourageant les militaires et les citoyens à défendre la ville, ceux-ci étaient si animés et si pleins

  1. La veille, le Sénat s’était déclaré en permanence : il fallait persister dans cette résolution, pour tracer l’exemple aux militaires. En mars 1812, il évita la faute commise le 1er janvier 1807, en restant à son poste. Les corps politiques sont tenus à montrer autant de courage et de fermeté que l’armée.