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ses yeux que d’être un brave, originaire de l’Ouest et ancien officier sous Rigaud, comme Dartiguenave. Il fit encore arrêter à Marchand plusieurs autres officiers dont il soupçonnait la fidélité[1] : c’est dire qu’ils furent assassinés comme ces deux généraux.

Toussaint Louverture revivait tout entier en Christophe !

De Marchand, ce cruel se rendit à Saint-Marc où ses troupes réunies formaient une armée de douze mille hommes. Il la fit défiler pour se porter contre le Port-au-Prince : le 30 décembre, elle entra à l’Arcahaie où des arrestations eurent lieu par ordre de son chef[2].

Il avait pris de telles mesures pour cacher la marche de ces troupes, afin de surprend re l’assemblée constituante au milieu de son œuvre, que pas un seul individu ne vint en donner la nouvelle. Mais, depuis la mort de Dessalines, le général Bazelais se tenait ou au bourg de l’Arcahaie, ou sur une habitation voisine ; étant avisé de cet événement, il monta à cheval immédiatement et se rendit d’un trait auprès de Pétion à qui il transmit cette information. L’ancien chef de bataillon de la Légion de l’Ouest comprit en cette circonstance, ce que Pétion lui-même avait compris à Léogane, en 1799, — qu’il devait se rallier à ceux qui voulaient sincèrement le bonheur de leur pays, la liberté de leurs concitoyens.

Il suffisait du rapport de Bazelais, officier général ca-

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 373.
  2. Je dis ainsi d’après des notes que je tiens du colonel Cerisier, alors capitaine et aide de camp de Pétion. M. Madiou fait arriver Christophe à l’Arcahaie, dans la nuit du 27 au 28 décembre, avec ses troupes ; cela ne paraît pas probable. Venant pour surprendre le Port-au-Prince, il ne serait pas resté 4 jours dans ce bourg sans avancer, de crainte qu’on n’y fût averti. C’est plutôt dans la nuit du 30 au 31 qu’il y sera arrivé. Le 31, il se sera mis en marche pour arriver le 1er janvier 1807 à Sibert.