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d’une assemblée nationale venant renouveler le serment prêté le 1er janvier 1804, par les généraux de l’armée réunis aux Gonaïves. Mais ce beau rêve, cette flatteuse illusion devait être remplacée par une journée sanglante.


En effet, Christophe n’avait pas émis en vain sa proclamation du 24 décembre. À l’occasion de la mutinerie des troupes de l’Artibonite par rapport à la solde, ilavait fait venir la 4e demi-brigade à la citadelle Henry, pour la punir : résolu à marcher contre le Port-au-Prince, il harangua ce corps à Milot où il le fit descendre, afin d’aller maintenant venger la mort de Dessalines. Parmi ses officiers, le colonel Jean-Louis Longueval et le capitaine de grenadiers Savary étaient deux mulâtres renommés depuis longtemps pour leurs cruautés ; ils se mirent à l’unisson des projets qui animaient le barbare qui avait provoqué le renversement de Dessalines, et ils entraînèrent ce corps dans le même esprit[1].

L’ordre fut envoyé aux généraux Vernet, Martial Besse, Magny, et au colonel Pierre Toussaint, de préparer les autres troupes de l’Artibonite à la marche. Christophe quitta le Cap avec celles du Nord, le général Romain et d’autres officiers supérieurs, et se porta à Marchand, où il fit arrêter Dartiguenave et Cangé, qui furent bientôt assassinés par ses ordres. S’il avait à reprocher à Dartiguenave d’avoir écouté les conseils de Pétion, qu’avait-il à reprocher à Cangé ? Ce général n’avait d’autres torts à

  1. « C’est pour mieux s’assurer du succès de cet horrible attentat (contre la constitution), qu’il a retiré des carrières de Laferrière, les Savary, etc., etc., etc., dont les noms trop fameux par leurs crimes, lui faisaient goûter les plaisirs avant-coureurs de sa vengeance… » Exirait de l’écrit publié par Pétion, le 17 janvier 1807.