Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/486

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fiance naturelle à toute révolution, des prétentions exagérées du chef provisoire du gouvernement, et de la crainte qu’il inspira en réveillant le souvenir de ses antécédens sanguinaires[1].

L’assemblée élut ensuite sénateurs, pour 3 ans, — Daumec, Daguilh, Simon, F. Ferrier, Bonnet, Théodat Trichet, Manigat et Yayou : les sept premiers furent pris dans son sein ; — pour 6 ans, C. Thélémaque, Barlatier, Depas Médina, Magloire Ambroise, Thimoté Aubert, Blanchet jeune, pris dans son sein, et le général Magny et Charéron, administrateur à Saint-Marc ; — pour 9 ans, Pétion, Gérin, Lys, David-Troy, Fresnei, Lamothe-Aigron, pris dans son sein, et les généraux Paul Romain et Toussaint Brave.

Ainsi, sur 24 élus, 19 sortaient du nombre des membres de l’assemblée constituante ; mais chacun des 4 départemens érigés par la constitution en fournit 6. Les sénateurs étant les représentans de la nation entière (art. 61), rien n’était plus juste et plus conforme à l’esprit de la constitution. Elle disposait aussi (art. 199) que la constituante, après ces élections, se formerait en assemblée législative, jusqu’à la constitution du Sénat par la présence de la majorité de ses membres.

Quoiqu’il y en eût 18 présens au Port-au-Prince, on attendait que les autres fussent informés de leur élection pour le constituer ; et l’assemblée législative se disposait à célébrer l’anniversaire prochain de l’indépendance d’Haïti, afin d’offrir au peuple le spectacle intéressant

  1. J’aime trop la vérité, pour ne pas dire ici que cette opinion de M. Madiou, que je conteste, était partagée par mon propre frère C. Ardouin, et que je l’ai constamment contredit à ce sujet. C’est qu’en respectant les opinions des personnes que j’aime et que j’estime, je ne crois pas devoir leur sacrifier les miennes.