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putés de l’Ouest et du Sud qui acceptèrent cette forme de gouvernement et sa constitution : des députés de l’Artibonite et du Nord y adhérèrent par conviction, parce qu’ils avaient, comme les autres, abhorré le despotisme brutal de Dessalines et qu’ils redoutaient encore plus celui de Christophe[1]. Même parmi ceux qui signèrent la protestation du même jour, il s’en trouva plusieurs qui ne le firent que pour couvrir leurs familles restées sous le pouvoir de Christophe, que pour leur épargner des persécutions.

Cependant, il faut le dire, le rapport, en établissant que la séparation des pouvoirs politiques était une disposition essentielle dans toute bonne constitution, en citant l’exemple des bons effets qu’elle a produits aux États-Unis et en Angleterre, ne les concentrait pas moins dans les mains du Sénat. Il faisait le contraire de ce qui existe en Angleterre et même dans la république américaine, en ce qui concerne la nomination aux emplois et aux fonctions de l’État, les relations extérieures et les négociations à suivre. Ce ne sont pas là des attributions compétentes au pouvoir législatif, mais bien celles naturelles au pouvoir exécutif. Responsable envers la nation ou ses représentons, l’exécutif doit avoir le choix des agents qui l’aident dans l’exercice de son autorité ; il en répond pour eux, ils sont responsables eux-mêmes envers lui ; il ne faut pas qu’il puisse s’établir une lutte entre eux et lui, et c’est ce qui arriverait infailliblement si ces agents tenaient leur nomination du pouvoir législatif. Celui-ci fait les lois, en contrôle l’exécution par l’exécutif et les fonctionnaires qu’il nomme.

  1. La République française avait paru si belle, si glorieuse à tous ces hommes, qu’il n’est pas étonnant qu’ils préférèrent cette forme de gouvernement ; ils avaient tous servi sous cette République.