Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/468

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maque, Théodat Trichet, Magloire Ambroise, Bruno Blanchet, David-Troy, Manigat, Bonnet et Lys. Bruno Blanchet fut le rédacteur de son rapport à l’assemblée.

Pendant que le comité préparait son travail, la lettre de Christophe à Pétion, du 19 décembre, lui parvint avec la proclamation du 18. On conçoit quelle influence elles durent exercer sur la limitation des attributions du pouvoir exécutif dans ce projet. Pétion fut surtout celui qui porta, soit le comité, soit l’assemblée elle-même à les restreindre[1].

Le 24 décembre, le projet de constitution touchait à son achèvement, quand il expédia sa fière réplique à Christophe. Mais le même jour, Christophe lançait aussi sa proclamation qui le signalait comme un révolté. C’est que, dès le 22, J. Hugonin lui avait écrit que, par la constitution qu’on préparait, il n’aurait pas plus de pouvoir qu’un caporal. Lisons cette proclamation :

« Pétion, Bonnet, Boyer, les deux frères Blanchet, Daumec, Lys, Caneaux et quelques autres de leurs infàmes complices, viennent de lever le masque ; ils ont mis au jour leurs projets. Ils sont en pleine révolte contre l’autorité ; ils veulent établir une constitution qui mettra le pouvoir entre leurs mains, et livrera les finances et les places à leurs dispositions. Le général en chef vient de donner l’ordre de la marche pour soutenir vos droits et pour maintenir votre liberté que l’on veut vous ravir. Ces scélérats, une fois parvenus à leurs fins, ne vous laisseront pas seulement la faculté de vous plaindre.

« Il faut marcher, notre devoir nous oblige de main-

  1. Cela est constaté dans un document du Sénat, en juillet 1808, ayant pour titre : Remontrances au Président d’Haïti. « Il doit vous en souvenir, vous les avez vous-même restreintes par vos observations judicieuses. »