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constata 74 élections ou membres. La plupart des députés du Nord et de l’Arlibonite prirent la résolution, entre eux et sans doute par les instructions venues du Cap, de protester contre la tenue de l’assemblée, sa formation et l’œuvre qu’elle allait faire : ils manifestèrent cependant leurs observations à cet égard ; mais la majorité les rejeta. Elle ne pouvait les admettre, en raison des nécessités qui l’avaient créée[1].

On voulut continuer César Thélémaque dans la présidence définitive ; mais il déclina cet honneur qui fut alors déféré à l’adjudant-général Blanchet jeune : Montbrun, du Sud, Almanjor fils, du Nord, furent élus secrétaires.

Chacun savait, au Port-au-Prince, que la République d’Haïti serait proclamée, comme la seule institution jugée propre à assurer les droits de tous les citoyens. Bruno Blanchet aîné et Théodat Trichet en avaient jeté les bases déjà, d’accord avec Petion, Bonnet, Lys, David-Troy, Daumec, Boyer et quelques autres. J. Hugonin et F. Ferrier avisaient Christophe incessamment des moindres particularités parvenues à leur connaissance ; ces renseignemens plus ou moins vrais, dictés par la bassesse, ne pouvaient qu’exciter son humeur cruelle : il se faisait une si haute idée de son autorité légitime !

Comme dans toute assemblée nombreuse, un comité de constitution fut formé, à l’effet de présenter un projet que les députés auraient à examiner et à discuter en assemblée générale : il fut composé de Pétion, César Thélé-

  1. On a dit cependant, que l’idée de la protestation ne vint qu’après le commencement de la guerre civile, qu’elle fut rédigée au Cap : nous l’admettons comme antérieure à la guerre, par cela que Christophe était informé des élections irrégulières et qu’il dut donner ses instructions en conséquence.