Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/438

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion d’une assemblée délibérante. Celle qui eut lieu sous Toussaint Louverture avait été choisie à deux degrés de suffrages, — celui des administrations municipales, nommant des députés, qui, réunis aux chefs-lieux de départemens, choisirent eux-mêmes dix autres membres pour toute la colonie. Celle qui allait se former ne serait qu’à un suffrage, tout populaire, directement par les paroisses, par conséquent dans le sens d’une large démocratie, tandis que l’assemblée centrale de 1801 était restreinte, aristocratique. Autant le gouvernement d’alors put exercer de l’influence sur ses délibérations, son œuvre, autant il était présumâble que la nouvelle allait être indépendante du gouvernement provisoire d’Haïti. C’était tout naturel, dans l’une comme dans l’autre circonstance : en 1801, le gouvernement donnait une constitution ; en 1806, le peuple la demandait et devait la faire.

On voit que Christophe désigna le Port-au-Prince comme siège de l’assemblée. Telle n’était pas sa pensée primitive, assure-t-on ; il voulait la réunir au Cap. Mais, dans ses communications avec Pétion par l’intermédiaire de ses envoyés, il lui aura fait dire son désir à cet égard, pour le consulter ou sonder ses dispositions. Alors Pétion hui aura fait des observations : 1o  sur ce que le Port-au-Prince, étant la ville la plus centrale du pays, devait être préféré au Cap, par rapport aux députés de toutes les localités : convenance que Toussaint Louverture lui-même avait reconnue ; 2o  sur ce qu’il l’engageait à éviter la faute que commit l’ex-gouverneur, en transférant l’assemblée centrale de 1801 au Cap où il se trouvait, ce qui le fît accuser de l’avoir influencée ; faute que commit à son tour l’ex-empereur, en faisant faire la constitution de 1805 à Marchand, par ses secrétaires, au nom des généraux de