Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/394

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fit du domaine publie. Enfin, les hommes de la race blanche, quelle que fût leur nation, moins ceux admis comme Haïtiens, furent exclus de la nouvelle société et déclarés inhabiles à posséder des biens-fonds en Haïti. Les préventions nées des faits précédens, la sécurité de l’État commandèrent ces mesures extrêmes.

L’organisation du pays commença alors sous les tristes auspices de la violence. Le régime militaire, le système agricole de Toussaint Louverture reparurent. L’administration des finances, qu’il avait organisée convenablement, confiée à un homme privé de lumières, se ressentit de son incapacité, au grand préjudice de la chose publique : l’immoralité, la corruption fut placée à ses côtés pour suppléer à son insuffisance ; elle ne pouvait qu’influer sur la conduite des agents comptables. L’administration de la justice par des tribunaux, celle des communes par des notables, disparurent sous l’autorité des chefs militaires investis de leurs attributions. Cependant, dans cet état de choses, le dictateur manifesta une velléité de donner au pays une constitution et des lois organiques ; mais elle n’eut pas de suite alors.

En même temps que tout se rattachait aux nécessités de l’état de guerre subsistant, par la construction de nombreuses forteresses sur la cime des hautes montagnes de l’intérieur, boulevard de l’Indépendance, une mesure fut prise à l’égard de toutes les propriétés afin de garantir au domaine public l’intégralité des siennes ; et les propriétaires furent soumis à un examen de leurs titres, à une vérification de leurs droits pour être envoyés en possession de leurs biens et en jouir. Cette mesure, bonne par l’intention qui la dicta, juste dans son principe, mais appliquée par des fonctionnaires ignorans et corrompus, fut