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de partir, avec quelques-uns de l’Ouest, parmi lesquels étaient Léger, Souverain Brun (frère de Boyer), Borno Déléard, etc. Enfin, il témoigna le désir de voir l’adjudant-général Papalier qui se rendit aussi au Cap où il resta peu de jours[1].

Il ne tarda pas à envoyer l’orde de faire partir également, pour aller auprès de lui, l’administrateur Ogé qui avait vu avec deuil la mort de Dessalines, et les colonels Frontis, de la 11e, et Apollon, de la 12e demi-brigades, dont la répulsion pour prendre part à l’insurrection avait été cause que Pétion dut les écarter de ces corps, en les remplaçant provisoirement par les chefs de bataillon Métellus et Mentor, qui en devinrent les colonels.

Enfin, vers la mi-novembre, Christophe ordonna encore à Pétion de lui envoyer Bédouet, qui revint du Cap peu de jours après[2].

  1. Nous parlons ainsi de Papalier, d’après M. Madiou qui parait avoir lu une lettre de Christophe à ce sujet. Cependant, on prétend, d’autre part, que Papalier serait alle au Cap avec la députation présidée par Bonnet, et qu’il en sérait revenu en même temps ; tandis que M. Madiou dit encore, t. 3 p. 354 : « Papalier, qui avait été mandé au Cap par Christophe, revint au Port-au-Prince peu de jours après la publication de la circulaire concernant les assemblées électorales. Christophe avait produit sur lui une bonne impression ; il exprima qu’il le croyait animé des meilleures intentions. Son langage déptut à Gérin et à Pétion, et lui valut de leur part des reproches qui lui furent adressés en particulier. » — Nuus osons douter de cette tradition, quand nous savons l’intimité qui existait entre Papalier et Boyer, l’amitié qu’avait Pétion pour le premier comme pour le second. Nous savons aussi que Papalier eut des envieux, sinon des ennemis ; il était un homme distingué par ses lumières et sous tous les rapports : ses envieux, aux Cayes surtout, ne lui surent aucun gré de la protection qu’il accorda à Inginac. Ce fut ce motif qui porta Pétion à l’engagera rester au Poit-au-Prince. Dans le Sud, on ne voulut pas le nommer membre de l’assemblée constituante, tant les passions politiques savent peu gré aux hommes qui montrent de la modération, de la générosité dans ces sortes de crises. Nous avons lu une lettre à ce sujet, signée d’officiers supérieurs et de citoyens des Cayes, en réponse à une autre que leur avait adressée Gérin, en date du 23 octobre.
  2. Dans ses Mémoires de 1843, B. Inginac prétend que Christophe le manda