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lines, étant détesté des marins de l’État envers lesquels il exerçait une autorité absolue, en fut retiré et conduit par eux vers les fossés des Cayes, et là sacrifié sans pitié.

Déplorons tous ces excès révolutionnaires. S’ils s’expliquent par la fureur des passions, ils ne se justifient point aux yeux de la postérité. Car, si Inginac n’avait pas trouvé un protecteur généreux et influent en Papalier, il eût été sacrifié aussi dans ces momens : cependant, que de services n’a-t-il pas rendus dans la suite à son pays qu’il aimait ! Ceux qui ont été victimes alors aux Cayes eussent pu également le servir, en se corrigeant de leurs erreurs, de leurs fautes, de leurs torts. Mais, lorsqu’un gouvernement a encouru l’animadversion générale, ce sentiment s’étend aux fonctionnaires qui l’ont servi avec zèle. Il en est de même, lorsqu’un peuple est seulement entraîné dans une révolution dont il ne prévoit pas les funestes suites. Heureux alors ceux qui se sont montrés modérés dans leur dévouement, ou dont la nullité politique ne paraît pas un obstacle au nouvel ordre de choses qui s’établit !