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fense en attendant l’arrivée du général Yayou, commandant de l’arrondissement, qu’il avisa des événemens du Sud. Les deux Brouard durent retourner auprès de Gérin qu’ils trouvèrent encore à l’Anse-à-Veau : leur rapport n’arrêta pas sa marche pour le Pont-de-Miragoane.

Borgella l’ayant joint au Pont, l’informa qu’il avait adressé une lettre à Lamarre, qui le déciderait probablement à se réunir à lui. Il l’avait expédié par un homme de confiance, nommé Jérôme, pour lui être remise en secret.[1] Elle commençait par ces mots belliqueux : « Aux armes, mon cher Lamarre ! La voix de tes frères t’appelle au secours de la patrie en danger ! etc. » Elle se terminait en rappelant à Lamarre la promesse qu’il lui avait faite, à lui Borgella, à son retour de Marchand, de prendre le même parti que lui, si un événement venait à surgir, en l’engageant à se rallier à l’insurrection comme lui.

Cette lettre, cet appel fait à son patriotisme, électrisa Lamarre ; il se décida immédiatement en faveur de l’insurrection ; et assemblant autour de lui son frère Clermont, ses cousins Galet Desmares et Delan Poisson, il leur communiqua la lettre de Borgella et leur dit qu’il ne pouvait suivre une autre bannière que celle qu’il avait adoptée. Le succès de la marche de Gérin n’était plus douteux.

Toutefois, il y avait encore le général Yayou qu’il fallait entraîner dans le mouvement. Avisé des événemens du Sud, il en avait informé le général Pétion, son chef immédiat, et réuni la 21e demi-brigade à la tête de laquelle il partit pour le Petit-Goave : il y était rendu le 14.

  1. Ce Jérôme est le même qui devint plus tard capitaine de port aux Cayes : il porta la lettre dans un bâton troué.