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nir à l’Ànse-à-Veau pour se livrer à un traitement sudorifîque. Il avait laissé son épouse à Saint-Marc, lieu de sa résidence ministérielle, et se tenait, en compagnie de Madame Veuve Abel, sœur de Geffrard, sur la sucrerie Laval qu’il avait affermée du domaine.

Lorsqu’il reçut, le 10 octobre, la lettre de Papalier qui lui mandait l’arrestation de Moreau au Port-Salut, Nicolas Brouard, commissaire des guerres de la 2e division du Sud, se trouvait chez lui. Gérin, qui avait été étranger au projet résolu à Marchand, voyant dans l’arrestation de Moreau un fait grave, dicta immédiatement à Brouard une lettre qu’il adressa à Dessalines pour l’en informer, en lui disant qu’il allait faire réunir les troupes à l’Anse-à-Veau, afin de se mettre à leur tête et de marcher aux Cayes, contre les révoltés. Gérin était sincère dans ses dispositions. Il envoya Brouard porteur de cette lettre au général Vaval, avec l’ordre de l’expédier à Saint-Marc par une barge, et de faire battre la générale pour réunir les troupes : ce qui fut exécuté par Vaval[1].

La 15e et la 16e étaient donc réunies sur la place d’armes, quand Francisque et Véret arrivèrent à l’Anse-à-Veau, à une heure de l’après-midi : le premier était porteur d’une lettre de Papalier pour N. Brouard, qu’il engageait à prendre parti, comme lui, dans l’insurrection.

Francisque logeait avec Véret dans la même maison, à toucher la place d’armes. Il fit venir chez lui, d’abord les sous-officiers de la 15e ; il leur raconta les événemens des Cayes et leurs causes, en leur demandant si, en proie aux mêmes privations que les militaires de cette ville, sans habillement, sans solde, sans ration, voyant aussi

  1. Note de N. Brouard, qu’il m’a fournie en 1829.