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les circonstances où l’on se trouvait, ce n’est point pour ce motif que l’irritation alla croissant chaque jour.

Mais ce fut par rapport aux propriétés. On conçoit que Dessalines, d’après sa lettre du 8 septembre, ayant admis des titres lui-même et ordonné seulement à Inginac de les lui faire exhiber, « pour confirmer les propriétaires en possession ; » et Inginac, de son propre aveu par ses notes personnelles, les anéantissant, l’histoire ne peut le trouver excusable. C’était montrer un zèle outré, prétendre à être plus royaliste que le roi. « Ce qu’il y avait de pénible dans sa tâche, dit l’Histoire d’Haïti d’après lui, c’était de vérifier les titres que l’empereur avait déjà ratifiés, mais souvent sans un mûr examen[1]. »

Ce n’est pas là une excuse ; car l’ordre portait de confirmer, et non pas de vérifier. Il ne devait vérifier, examiner, que les autres titres qui n’avaient pu être présentés à l’empereur, pour juger de leur validité, « renvoyer en jouissance de leurs biens les propriétaires qui lui auraient paru fondés, ou réunir aux domaines de l’Etat les propriétés dont les titres des réclamans lui paraîtraient illégaux. » Ce sont là les termes de la lettre du 8 septembre.

On voit donc qu’il y eut de l’arbitraire de la part d’Inginac, dans les opérations relatives aux propriétés ; que si des citoyens furent dépossédés injustement, ainsi que l’attestent les deux témoignages que nous avons cités au chapitre précédent, ce fut surtout lui qui commit ces injustices. Nous ne prétendons pas dire que toutes ses décisions furent injustes[2] ; car il est probable qu’il recon-

  1. Ibid. p. 294.
  2. Nous ne prétendons pas dire non plus, qu’il était sciemment un suppôt de