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prévaricateur et complice de la conspiration de Geffrard, dit l’Histoire d’Haïti, étant accusé par son propre frère B. Tonnerre, « parce que Canal avait refusé de faire honneur à plusieurs de ses mandats[1]. » Barreau, négociant haïtien, devait au trésor une somme de près de 4000 gourdes ; l’empereur en fit son affaire afin de l’empocher. Un sieur Hopsengartner en devait 60 mille, un sieur Mackintosch en devait 120 mille, qu’ils furent contraints également de restituer au trésor. Ce dernier avait été signalé à Inginac par l’empereur lui-même, d’après une lettre en date du 8 septembre.

Si ces étrangers devaient réellement, il était juste qu’ils payassent ; mais si Inginac agit envers eux comme a l’égard de Thomas Thuat, en leur imposant une amende arbitraire équivalente aux droits dus par eux, il eut tort, et il devait encourir la responsabilité de son absolutisme aux yeux de la population irritée. Mackintosch surtout, comme Thomas Thuat, en faisant des fraudes et des contrebandes, rendait des services aux personnes malheureuses, même à celles qui ne l’étaient pas, aux fonctionnaires publics : c’était un moyen de corruption pour faire fermer les yeux sur son avidité. Il avait en outre facilité l’évasion de bien des Français pendant les exécutions à mort exercées aux Cayes. Sous ces deux rapports, il devait être mal vu de l’empereur, qui était hostile à la population et qui était loin d’approuver cette évasion : de là peut-être un excès de zèle de la part d’Inginac, qui craignait que sa tête ne tombât comme celle d’un canard. Nous le disons ainsi d’après ce qui suit :

« Les opérations de la vérification générale continué-

  1. Ibid., p. 281. — Si ce fait est vrai, il prouve la profonde immoralité de Boistond Tonnerre, conspirateur lui-même.