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savait capable des projets les plus audacieux… Il continua ses relations avec les généraux Pétion et Geffrard, et leur représenta Mentor comme un agent du parti colonial.[1] »

Si Christophe pensait ainsi de Mentor, dont il n’avait pu ignorer les aveux à Dessalines, relativement à la mission secrète qui le ramena a Haïti, il est probable qu’il se serait toujours défié de lui après s’en être servi pour arriver à son but.


Enfin, Inginac était arrivé aux Cayes. Il reçut de l’empereur une lettre qui lui enjoignait de vérifier les comptes de l’administration financière de cet arrondissement, que dirigeait Quenez ; elle se terminait par cette phrase : « Rappelez-vous que j’espère que ma confiance dans cette occurrence ne sera point trompée. » — Il paraît que verbalement, il lui aura dit encore : — « Si vous trahissez ma confiance, votre tête tombera comme celle d’un canard ; ainsi, prenez garde à vous. » En outre, « Inginac était aussi chargé d’anéantir les donations, testamens, ventes, faits par les blancs en faveur des indigènes.[2] »

C’était, il faut en convenir, lui imposer une rude besogne, sous des menaces terribles, en cas de faiblesse de sa part envers les comptables, et envers les particuliers mis en possession des biens qu’il fallait réunir aux domaines. S’il est vrai, comme il paraît, qu’Inginac trouva toute la comptabilité irrégulièrement tenue ; le trésor vide de fonds, n’ayant que des bons souscrits par des dé-

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 213. Ceci se passait avant que Mentor se fût rallié à son parti.
  2. Ibid., p. 280 et 281.