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ou trames rappelées dans la proclamation du 28 avril de cette année ; elles tendaient à porter Dessalines à se méfier de Férou et des hommes de couleur. Papalier et Glézil en avaient rendu compte à Geffrard dans ces lettres. Dans un moment où Dupuy voyait l’empereur disposé à tout accueillir contre les populations du Sud ; différant, par ses sentimens élevés et son dévouement au chef de l’Etat et au pays, de ceux de B. Tonnerre, de Mentor, de B. Déléard, il crut devoir ne pas réveiller dans son esprit ce qui eût pu le porter au mal. Il ne put, enfin, reprendre en sous-œuvre, l’œuvre perfide des colons. Il fit bien.

Nous lisons cependant dans l’Histoire d’Haïti (t. 3, p. 277 et 287), que « Dupuy trouva beaucoup de pièces pouvant compromettre de nombreuses familles, plusieurs lettres de Christophe. Il dit cependant à Dessalines, que la correspondance de Geffrard était toute d’amitié, et sauva ainsi un grand nombre d’individus de tous grades et de toutes conditions… » Enfin, avant de quitter les Cayes avec l’empereur, il aurait chargé Inginac de détruire ces lettres compromettantes dont lui et Diaquoi auraient déjà soustrait plusieurs : ce qu’Inginac aurait fait avant d’expédier à Marchand les papiers de Geffrard, comme il en avait reçu l’ordre de l’empereur[1].

Nous avouons ici ne pas avoir une foi aveugle en Inginac, en fait d’histoire.[2] Nous craignons qu’il ait voulu

  1. Assertion produite d’après des notes d’Inginac, et ses Mémoires de 1843.
  2. Mes suspicions contre ce citoyen de haute capacité, en fait d’histoire, ont eu pour origine ce que je vais dire : Un jour, je reprochais l’inconvenance de l’antidate des actes relatifs à l’élévation de Dessalines à la dignité impériale. Le général Inginac, avec qui je causais de cela, voulut me persuader qu’il n’y avait pas eu d’antidaté, que les généraux s’éiaient réellement assemblés au Port-au-Prince le 25 janvier 1804, ainsi du reste. Je demeurai convaincu