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semblables, connues publiquement comme émanées de sa volonté.

Ces faits, et l’exécution des douze Polonais dont il a été question dans le chapitre précédent, occasionnèrent au Port-au-Prince un événement où le courage s’alliait au désespoir. On avait fait courir le bruit que Dessalines voulait faire tuer tous les blancs qu’il avait conservés jusqu’alors. Trois Français étaient employés à l’arsenal de cette ville, comme artificiers ; ils reçurent l’ordre de préparer des pièces d’artifice pour la prochaine arrivée de l’empereur ; deux d’entre eux prirent instantanément la résolution d’y mettre le feu, dans la salle même où ils travaillaient, préférant se tuer que d’être assassinés. Le troisième, qui ne voulut pas y adhérer, et qui a vécu quelques heures après l’explosion, en fit connaître la cause. Vers 2 heures de l’après-midi, une détonation se fit entendre, et la salle d’artifice fut emportée dans les airs : il s’y trouvait, dit-on, 3 à 4 milliers de poudre.

Le feu se communiqua aux autres parties de l’arsenal et au magasin de l’État qui y était contigu. Heureusement qu’il y avait des pompes qui furent employées à l’éteindre. Toutes les autorités militaires y accoururent avec les troupes, sorties des casernes qui n’en étaient pas fort éloignées. Le colonel Germain fit jouer bâtons et sabres par les officiers, et en peu d’instans on était maître de l’incendie, comme d’un fort pris d’assaut.

En juin, l’empereur arriva au Port-au-Prince. Après y avoir séjourné quelques jours, il passa à Léogane pour se rendre à Jacmel. On dit que dans ces villes, il fut courroucé contre Boisrond Tonnerre, à propos de quelques méfaits de sa façon ; que ce dernier, qui l’avait vu congédier Borgella, en lui disant qu’il était son principal