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4. Le présent décret sera lu, publié et affiché partout où besoin sera, à la diligence des administrateurs.

Ordre aux généraux commandans de divisions et d’arrondissemens, de prêter main-forte à l’exécution du présent décret.

Signé : Dessalines.

Que ressort-il de ce décret combiné avec l’arrêté du 22 décembre 1804 ? Serait-ce seulement, comme le dit l’auteur de l’Histoire d’Haïti, t. 3, p. 271, que : « Dessalines et son entourage dont la conduite était si scandaleuse, s’efforçaient de mettre un frein aux passions du peuple ; que pour l’empêcher de se livrer aux excès des liqueurs fortes, l’empereur se résolut à faire démolir la plupart des guildives, du moins celles qui n’appartenaient pas à l’État ; que dans le Sud particulièrement, on consommait immodérément le tafia dont la propriété est d’énerver l’homme et de l’abrutir[1] ? »

Est-ce que le tafia, produit dans le Sud, n’était pas transporté et consommé aussi dans les autres départemens ? Dans l’ancien régime, sur 182 guildiveries que possédait la partie française, il y en avait 46 dans le Nord, 80 dans l’Ouest (y compris l’Artibonite) et 56 dans le Sud. Aux Cayes surtout, on avait adopté ce genre de produit de la Jamaïque placé dans le voisinage, parce que l’on y faisait moins de sucre relativement aux autres parties de la colonie ; c’était là l’industrie de bien des particuliers qui n’étaient pas producteurs de sucre ni de sirop. La plupart de ces manufactures existaient, on les rétablit malgré la défense.

  1. Le despotisme aime, au contraire, à voir les hommes s’énerver, s’abrutir, pour régner plus facilement, de même qu’il préfère l’ignorance, aux lumières qui éclairent sur ses actes.