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son désir et qui nomma Véret à ces fonctions et en même temps à ce grade militaire. Cette décision de Dessalines eut pour cause des intrigues ourdies par Boisrond Tonnerre et son père, Mathurin Boisrond, alors administrateur des domaines de l’arrondissement d’Aquin. Ce dernier avait eu des difficultés avec Borgella, à propos de l’affermage d’une habitation que voulait avoir un vieil officier nommé Arion, que Borgella protégeait. L’administrateur profita d’un voyage du ministre des finances aux Cayes, et se plaignit à lui contre Borgella. Malgré les représentations du général Geffrard, le ministre fît passer Borgella cinq jours aux arrêts. Boisrond Tonnerre n’ignora pas ce fait ; et d’accord avec son père, il dénonça Borgella à Dessalines, comme un partisan des blancs, comme ayant contribué à en sauver plusieurs. C’est à ces intrigues qu’il faut attribuer le refus fait par l’empereur, de nommer Borgella adjudant-général.

J.-L. François apprit ces particularités peu de temps avant sa mort ; il les fit connaître à Borgella qui sentit la nécessité de se rendre à Marchaud, afin de se disculper : il n’y fut qu’au mois de mai. En passant au Port-au-Prince, il vit Pétion qui lui recommanda de montrer de la fermeté, comme le seul moyen de réussir auprès de l’empereur qui aimait le courage dans les hommes[1]. Il arriva à Marchand dans un moment fort critique, par rapport à l’accusation qui pesait sur lui, — d’avoir favorisé l’évasion de quelques Français. Une douzaine de Polonais, employés à l’arsenal de cette ville naissante, craignant sans doute un malheureux sort pour l’avenir, ou

  1. Le cas de David-Troy était différent, il fallut qu’il s’humiliât pour échapper à la mort.