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Toutefois, comme Geffrard lui avait écrit pour solliciter la permission devenir à Marchand, ayant à l’entretenir, il était forcé d’arriver à une explication avec lui. Le 6 janvier, il la provoqua en présence de tous les généraux et autres officiers réunis au palais, en déplorant les soupçons, les préventions que l’empereur semblait avoir conçus contre lui, en lui parlant de tout ce qu’il faisait dans son service pour remplir son devoir. Dessalines ne pouvait pas toujours feindre ; il répondit à Geffrard qu’il savait que lui et Pétion nourrissaient constamment des sentimens favorables à Rigaud. D’un caractère vif, indigné de ce reproche et plein de courage, Geffrard lui rappela que lorsqu’il vint au camp Gérard, en juillet 1803, il lui avait dit que lui, Dessalines, donnerait des millions pour avoir le concours de Rigaud dans la guerre de l’indépendance, et qu’il le verrait avec plaisir revenir dans le pays ; qu’ayant servi sous Rigaud et étant son ami, il contribuerait bien de ses moyens pour lui faire passer des secours dans son indigence, si l’empereur le permettait ; mais que si Rigaud revenait en Haïti, il ne lui céderait ni sa position, ni son rang.

Pétion, toujours froid, mais toujours ferme sous sa physionomie impassible, se borna à dire à l’empereur, qu’il le priait de se rappeler les entretiens qu’ils avaient eus ensemble, quand ils avaient résolu de prendre les armes contre les Français.

L’un et l’autre général rappelaient ainsi à Dessalines, un passé récent où il avait eu besoin de leur concours dévoué :

    tenaient éveillés tous ceux qui avaient à en redouter les effets. Le général Christophe fut un des premiers a instruire les généraux de l’armée, et à les engager à prendre des mesures pour anéantir ce nouveau Néron… » — Extrait de la pièce publiée par Pétion, le 17 janvier 1807.