Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

latte ; mais il n’y avait pas encore lieu de se prémunir contre lui, ni de lui préférer le général en chef. S’il fallait juger de celui-ci par ses anciens antécédens, avant la guerre de l’indépendance, quelle garantie pouvait-il offrir de plus que l’empereur ? Son caractère dominant perçait malgré lui ; Pétion l’avait assez étudié quand il était dans le Nord.

De retour au Cap, Blanchet aîné rapporta à Christophe, que si Geffrard et Pétion ne prêtaient pas la main à une conspiration, du moins ils étaient loin d’approuver le gouvernement despotique de l’empereur ; et que, dans tous les cas, il pouvait compter sur leur discrétion. Pour le moment, il n’en fallait pas davantage à Christophe.

Les traditions du Sud rapportent que Blanchet aîné vint aux Cayes dans le mois d’août 1805 : ce serait donc pendant que l’empereur était au Cap, où il arriva le 15 juillet et d’où il retourna à Marchand, en septembre. Et d’un autre côté, l’auteur de l’Histoire d’Haïti affirme que, dès son arrivée dans cette ville, « il était parvenu à découvrir la vaste conspiration qui se formait déjà contre lui ; que n’en pouvant saisir les fils, ses instincts lui désignaient Christophe et Geffrard qu’il n’osait cependant ouvertement frapper. » Cet auteur rapporte encore des paroles de l’empereur contre Christophe, à l’occasion du propos que celui-ci avait tenu dans le bal du palais, paroles empreintes de menaces ; qu’il avait exhorté Capois à abattre Christophe, ce que ce général avait refusé de faire. Le même auteur ajoute enfin que : « Dessalines, reconnaissant combien était puissante l’influence dont jouissait au Cap le général Christophe, se résolut à flatter son ambition et à l’intéresser à son gouverne-