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le plus de déférence au général en chef ; il avait été chef de bataillon à la 1re demi-brigade quand Christophe en était le colonel ; il lui était dévoué.

Capois, au contraire, avait pour lui une haine implacable. On n’en connaît pas l’origine ; mais étant d’une nature brutale, et orgueilleux de ses hauts faits dans la guerre de l’indépendance, il se peut qu’il ait été froissé, dans quelque circonstance, par les manières hautaines de Christophe. Celui-ci, sachant cela et redoutant la bravoure de Capois dont le dévouement à Dessalines était encore un obstacle à ses vues ultérieures, avait fait surveiller sa conduite et ses moindres propos, pendant qu’il était encore commandant de l’arrondissement du Port-de-Paix. Dans ce commandement, Capois montrait un caractère despotique, sauvage ; il avait excité le mécontentement des habitans de ces localités par des persécutions injustes ; il fut même assez barbare pour faire passer aux verges une femme enceinte qui n’avait pas salué la sienne. Des plaintes furent portées à l’empereur, en même temps que Christophe lui transmettait les rapports confidentiels qu’il se faisait faire, par l’administrateur Jacques Simon qui gérait les finances au Port-de-Paix, par Pourcely, colonel de la 9me demi-brigade, et d’autres officiers ou fonctionnaires. C’est ce qui paraît avoir motivé la nomination de Capois à la 2e division du Nord, à la résidence du Cap, et dit-on, sur les conseils de Christophe. Ce dernier espérait qu’il gagnerait Capois à ses vues par des procédés bien veillans ; mais Capois devint plus furieux en quittant le Port-de-Paix, son lieu natal, et se trouvant placé au Cap sous les yeux du général en chef, pour lequel étaient tous les hommages des citoyens et des troupes. Il n’avait plus sous sa main cette vaillante 9me qui